[Test] Redfall : Représentatif d’une stratégie à bout de souffle, Xbox rend les armes et s’en va par la petite porte.

Sorti le 2 mai dernier, Redfall ne laisse personne indifférent et pour cause, il cristallise un éventail d’avis divergents. Son accueil critique n’est pas en reste puisqu’il est unanime : c’est un mauvais JV selon son Metacritic de 57 (basé sur 60 tests de nationalité différente). De plus, toujours sur Metacritic, son User Score se monte à 3.1 (basé sur 665 avis posté sur le site). De mon côté, son Test était prévu depuis l’annonce de sa date de sortie au 2 mai. Pendant toutes mes sessions de tests sur le titre, je me suis efforcé (en prenant des notes, fait rare dans le processus) de lui trouver du positif. C’était sans compter sur les propos de Phil Spencer le 4 mai qui aura remis une pièce dans la machine. Redfall est mauvais et Xbox vient de perdre le peu de confiance que j’avais en lui. Explications.

Ce qu’il faut savoir

  • Test basé sur une version Xbox dématérialisée proposée dans le Game Pass, sur Xbox Series X
  • Screenshots réalisés par mes soins, sans mode photo
  • Genre : FPS (First Person Shooter), Action-Aventure en monde ouvert
  • Moteur Graphique : Unreal Engine 4
  • Développé par le studio Arkane Austin (l’excellentissime Prey de 2017)
  • Editeur : Bethesda/Microsoft Studios
  • Plateformes : Xbox Series/PC
  • Date de sortie : 2 mai 2023
  • Prix maximum conseillé : 80€ ou présent dans le Xbox Game Pass/Ultimate
  • Pas de season pass annoncé mais du contenu deluxe proposé : la « Bite Back édition ». Au programme pour 30€ : Le pass de héros Redfall avec deux héros à venir, l’apparence multi-armes Rayon laser, l’accessoire pour arme pieu Couteau tactique, la tenue Expédition polaire pour Devinder, la tenue À l’aveugle pour Jacob, la tenue Guerrière pour Layla et enfin la tenue Ingénieure volontaire pour Remi
  • Le PEGI : 18+
  • Peut être accompli en solo ou en coop jusqu’à 4 joueurs
  • J’ai accompli intégralement mon aventure en solo avec le personnage de Jacob Boyer
  • Jeu terminé : oui
  • Ma difficulté : Facile
  • Mon temps de jeu : 31 heures et 19 minutes
  • La re jouabilité : Tout dépendra de vous, de mon côté, elle est inexistante
  • Pas de mode photo
  • Version Française Intégrale
  • 30 FPS
  • Sur le plan de la technique : C’est une totale catastrophe sur tous les tableaux : de multiples ralentissements en combats et en exploration, 3 retours dashboard, des textures qui ne se chargent qu’au bout d’une minute ou deux, des missions secondaires qui ne se sont pas déclenchées malgré le signal au dessus des PNJ, IA bête comme un manche à balai… Bref, c’est la débandade de ce côté là.

Le synopsis

Redfall, dans l’état du Massachussetts, était autrefois une petite commune accueillante et touristique, avant que les vampires ne fassent irruption, éclipsant son soleil et se nourrissent des habitants qui ne sont pas jugés dignes de rejoindre leur armée. Une résistance humaine s’est formée, rejoint par quatre chasseurs que le joueur peut choisir :

Devinder Crousley, un cryptozoologiste assez connu d’Internet dont il se sert pour dévoiler sur ce qui se passe à Redfall, il est également inventeur et s’équipe d’armes qu’il a fabriqué de lui-même.

Layla Ellison, une ancienne étudiante en ingénierie biomédicale à l’institut technique de Redfall, elle fut l’objet d’un essai clinique dans le sinistre centre de recherches d’Aevum Therapeutics, qui la dota des pouvoirs télékinétiques.

Remi de la Rosa, ingénieure de l’unité de secours de la Marine, elle se sert de son brillant esprit et agit en soutien pour protéger ses alliés, et possède également un robot soldat nommé Bribón.

Jacob Boyer, ce vétéran fut envoyé à Redfall en tant que soldat sniper d’une milice privée avant l’éclipse, dont il repart avec un œil vampirique et un corbeau fantomatique inséparable, il fait aussi usage de sa précision surnaturelle afin de neutraliser les ennemis.

Ma réaction aux propos de Phil Spencer dans son interview chez Kinda Funny Games

Le 4 mai dernier, Phil Spencer à participé à une interview pour le podcast de Kinda Funny Games et à déclaré certaines choses assez intéressantes, rebondissant donc à la sortie désastreuse de Redfall. Morceaux choisis :

Si vous regardez nos scores de critiques au cours de l’année écoulée – et ce n’est pas du tout une défense – je pense que les équipes ont fait un bien meilleur travail en augmentant le niveau de qualité des jeux que nous avons livrés… et ce jeu a été significativement en dessous de nos mesures internes. Mais c’est notre faute, nous devons l’assumer.

Il est difficile pour moi de décevoir la communauté Xbox… J’en ai moi-même fait partie… Et je vois la communauté être déçue. Je suis en colère contre moi-même, je pense notamment à nos promesses de 60fps sur Redfall sans les tenir…

Nous aurions dû être présents plus tôt pour Harvey Smith (co-directeur créatif) et l’équipe de Redfall – je pense que c’est de notre faute […] je pense que nous sommes arrivés trop tard pour les aider lorsqu’ils ont eu certains problèmes.

Il n’y a pas vraiment de grande solution ou de victoire pour nous. Je sais que cela va déranger beaucoup de monde, mais la vérité est que lorsque vous êtes en troisième position sur le marché des consoles et que les deux premiers acteurs sont aussi forts qu’ils le sont, et qu’ils se concentrent dans certains cas très, très discrètement sur la conclusion d’accords et d’autres choses qui font, est difficile pour nous, en tant qu’équipe Xbox, et c’est notre faute, pas celle de quelqu’un d’autre.

Les gros jeux arrivent. Que ce soit Starfield, Forza Motorsports, Hellblade 2 ou Avowed qui avance bien, ils approchent.

Les propos que tient là Phil Spencer ont fait écho durant mes sessions de tests et je me suis retrouvé manette en main à me faire différentes réflexions quant à ce dont j’étais en train de jouer et ce que je lisais et la première chose qui me soit venu en tête, c’est comment, à un moment donné du développement, toi Microsoft, tu te dit : « nan mais c’est bon, c’est ok, vas y, tu peut le sortir ton JV. Les gens vont l’aimer ! » Je n’ai pas cette impression là de mon côté. Pire, je me suis dit, soit Phil Spencer était parfaitement au courant de l’état déplorable du jeu, l’a fait sortir quand même, après l’avoir repousser, puis est allé à ce podcast à des fins de damage control, ce qui est plutôt couillu, ou soit n’était pas du tout au courant et a découvert ça durant les heures qui ont suivi la sortie du jeu, ce qui est pour le coup de la totale ignorance. De plus, chaque année depuis 10 ans, on a droit à chaque fois aux mêmes discours, aux mêmes promesses, d’année en année, non tenues.

Ce qui est nouveau par contre et c’est quelque chose qui me fait mal au cœur, ayant vécu mes meilleurs moments de joueur sur Xbox 360, c’est la résignation et le défaitisme du monsieur face à la concurrence de PlayStation et Nintendo, surtout quand il assume sans aucune honte, être 3ème, sans aucune envie pour remonter sur le ring. Cette absence de feu et de passion, de cap pour le futur de la marque, m’horrifie carrément. Très clairement, je le dit : dans un certain sens, oui Xbox est mort depuis 10 ans, fantomatique dans les rayons des magasins, des propos qui ne correspondent pas aux actes (rien que sur la question du marché physique… Elle est où la version physique de Hifi Rush ?) et surtout l’abandon franc et cash du combat face à Nintendo et PlayStation qui seront ravis de lire que leur adversaire à la couleur verte s’avoue vaincu aussi facilement.

Ce que j’ai aimé :

Retour au test, vous allez voir, ça va être rapide. J’ai tout de même trouvé du positif à Redfall mais pas suffisamment pour faire pencher une balance bien trop lestée du côté du négatif. Pour commencer, j’y ai joué en solo, tout seul, comme un grand, à mon rythme et il faut bien avouer que l’ambiance particulière de la ville de Redfall à fait que je n’ai pas lâché la manette facilement. De plus, vu qu’il n’y a pas de scénario à proprement parler, j’ai trouvé que l’idée des cinématiques en plan fixe n’était pas mauvaise. Ca va à l’essentiel, de toute façon je m’en fous de ce que tu as à me dire, donne mon objectif, je vais aller casser du vampire par paquet de quarante-douze, tu vas voir.

Arrivé à un certain moment de « l’aventure », on débloquera une barre d’attention des dieux vampires, qui une fois pleine, vous enverra un gros bras qui n’aura de cesse de vouloir vous refaire le portrait. Si vous réussissez à le refroidir, c’est légendaire assuré ! Une très bonne idée dans le processus du loot.

La liberté totale que j’ai eu pour agir. De ce côté là, je dirais que c’est un gros point positif, qui m’aura fait tenir jusqu’au bout du calvaire de l’aventure.

Le charisme du corbeau de Jacob qui m’aura fait esquissé plusieurs sourires au cours de mon aventure, quel fieffé compagnon ce machin à plumes, aussi inutile qu’amusant !

Le sound design entre les intérieurs et l’extérieur en premier lieu, l’ambiance très horrifique lors de l’exploration des intérieurs, l’ambiance des rues, ainsi que les sons des armes, surtout celui du fusil à pompes en plein combat, miam !

Et enfin, le lore de la ville. Je trouve que le studio s’est évertué à nous offrir une âme pour sa ville fictive et fait ça très bien. Dommage que ce soit infesté de suceurs de sang parce que j’aurai rêvé y vivre !

Ce que j’ai moins aimé :

Attention, ça va piquer. Redfall est un projet daté, raté, catastrophique, qui fait honte au JV dans sa globalité mais aussi, je le rappelle, sur la scène très particulière des exclusivités, qui représente la plateforme sur laquelle ils sortent. Et ça tombe bien, parce qu’au final, Redfall est à l’image de la stratégie de Xbox : dépassé(e) et à bout de course.

Tout d’abord, pour un FPS proposant à la fois de l’action « bourrine » où il n’y a aucun impact des coups de feu que l’on tire avec nos armes, ça la fout un peu mal pour un titre de 2023. Sans parler de l’absence de grenades en tous genres, c’est assez cocasse quand on sait que dans Dead Island 2, les objets de lancer y sont bien présents. Du côté de l’infiltration, le simple fait de ne pas pouvoir donner de coup autre que celui du coup de crosse fait un peu rire. De plus, le fait de ne pouvoir choisir que 3 armes en même temps est un peu… Singulier, sachant le choix multiple qui nous est proposé. Une roue des armes aurait pu être une bonne idée, si tant est que les développeurs puisse avoir l’occasion de jeter un œil sur ce qu’il se fait ailleurs… C’est bien beau d’être arrogant, de bomber le torse à coup de communication ronflante, accompagner ça d’actes dans les productions maisons, c’est a priori plus compliqué.

Les objectifs principaux et secondaires sont répétitifs à souhaits et une fois ceux-ci fait, ils sont déjà oubliés. J’ai accompli mes missions comme si je me faisais un Mcdo. Une aventure monotone, sans coup de grâce ni moments marquants qui auraient pu relancer une machine sans vie.

La narration est bordélique et rend les propos de l’œuvre confus. A tel point que j’en avais plus rien à faire de ce que voulait me dire le jeu, j’ai foncé tête baissée, cerveau éteint, dans la mêlée.

Le système de rareté et de puissance est à la rue complète. Une arme rare de niveau 5 peut être plus forte qu’une arme légendaire de niveau 4.

Les compétences dans l’arbre de compétences sont totalement inutiles et les compétences liés à notre personnage n’ont aucun impact en combat.

L’argent ne sert strictement à rien dans Redfall (sauf acheter des munitions, que l’on trouve plutôt aisément sur la carte). Sauf quand vous mourrez. Là bizarrement, le jeu se rappelle que vous avez du pognon sur vous et vous le ponctionne. Pourquoi ? Dans quel but ? Vous n’avez aucun moyen de le récupérer quand vous revenez (on aurait pu penser au système d' »âmes » à récupérer des Dark Souls mais même pas), aucun ennemi ne l’a en poche, il s’est juste évaporé.

Il n’y a aucune montée en puissance tout au long de notre aventure et la prise de niveaux ne sert strictement à rien. J’étais aussi fort au début de l’aventure qu’à la fin. Les ennemis infligent les mêmes dégâts du début jusqu’à la fin également.

Graphiquement, je vais le dire cash : c’est un naufrage absolu. Je sors de Dead Island 2 lui aussi développé à partir de l’Unreal Engine 4 (avec un développement chaotique de 9 ans !!!) et Redfall est moche, même sa direction artistique n’arrive pas à le porter, tant c’est indigne de la console la « plus puissante du marché ». Je ne parlerai pas des ralentissements alors que ça tourne en 30 fps, pour un FPS coopératif, c’est là encore une honte de voir ça en 2023. Non pas que j’ai une dent contre le 30 FPS, mais donnons le choix aux joueurs. La promesse n’est ici pas tenue, puisque ce mode arrivera « prochainement ».

Par contre, ce que j’ai trouvé amusant (comprenez par là que je suis ironique), c’est le bug d’affichage de mon temps de jeu au menu d’écran titre. Il s’est fait réinitialisé vers la moitié de mon aventure, passant donc de 20 heures de jeu à… 2. Au moment de le finir et de noter mon temps de jeu, je me suis fait la réflexion suivante : 31 heures selon les syndicats, 6 heures selon la police. Oui, moi aussi je trouve ça drôle.

En solo (et en facile !), je trouve que la difficulté de Redfall est très mal calibrée. La faute à une IA aux fraises qui fait extrêmement mal, le parti pris des studios qui ne savent pas rendre leur jeu amusant ça.

Enfin, une fois fini ma partie, en posant ma manette sur le côté pour y prendre mes dernières notes pour ce Test, je me suis dit : que m’a apporté Redfall dans ma vie de joueur ? C’est bien simple : la place de pire JV que j’ai pu faire de ma vie de joueur en fait. Auparavant, quand il fallait statuer sur l’avis que j’avais d’un jeu, je prenais pour exemple un certain Deadly Premonition comme étant le pire JV que j’avais pu faire jusque là (et pourtant il en a des qualités le bougre). Maintenant c’est Redfall et ça me fait mal au cœur de me dire qu’une exclusivité Xbox, en 2023, avec tous les moyens financiers, humains, tous les studios, éditeurs-développeurs rachetés à coups de milliers de dollars, devient donc LE pire JV de ma vie de joueur, hé bien je vous avoue que j’ai un peu les boules. Surtout qu’on parle ici de Bethesda, Fallout 4, tout ça tout ça et surtout d’Arkane Austin, qui m’avait proposé en son temps, Prey en 2017, qui est pour moi un véritable monument de la scène.

Verdict

Malgré mes propos très durs que j’ai envers Redfall, je n’en veux pas au studio, lui qui nous aura livré le chef d’œuvre Prey en 2017. Mais j’en veux à Phil Spencer, j’en veux à Xbox pour avoir osé ne pas suivre le développement du jeu comme il l’aurait mérité. Comment, en 2023, face à une concurrence aussi acharnée de la part de Nintendo et PlayStation, avec autant de moyens humains et financiers, peut-on livrer sans aucune honte un jeu aussi mauvais que Redfall ? Du début jusqu’à la fin, Redfall transpire et respire le dépassé, le réchauffé. Du début jusqu’à la fin de mon aventure, je n’ai pas ressenti d’amusement ni de fun. Du début jusqu’à là fin de mon aventure, je n’ai ressenti que la chose suivante : le Xbox que j’ai appris à aimer, qui m’aura offert mes plus belles heures de gaming sur Xbox 360 n’est plus. J’attendais Redfall, après une année 2022 vierge de sorties majeures sur la machine de Microsoft, j’ai eu confiance, et pourtant la douche fut pour le moins glaciale. Je n’ai plus qu’une seule attente cette année : Starfield. Si il le faut, reportez le, vraiment, je ne voudrai pas qu’il subisse le même sort.

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