[Test] Shin Megami Tensei III : Nocturne HD Remaster : Une remasterisation à la hauteur de l’oeuvre ?

Sorti à l’origine sur PS2 en 2005, Shin Megami Tensei III Nocturne nous revient dans une version remasterisée. Pari gagnant pour Atlus ou remaster paresseux pour une œuvre culte pour bien des joueurs et des joueuses ?

Test réalisé à partir d’une version PS4 physique fournie par Koch Media que je remercie encore et toujours pour leur immense confiance. Test et screenshots effectués sur PS5 avec une DualShock 4.

Avant toute autre chose, il faut savoir que Shin Megami Tensei III : Nocturne HD Remaster est une remasterisation de la version PS2 sortie chez nous en 2005 qui s’appelait à l’époque Shin Megami Tensei : Lucifer’s Call. Développé par Atlus, Shin Megami Tensei III que j’appellerais SMT III, nous raconte l’histoire d’un adolescent venu pour rendre visite à sa professeure à l’hôpital de Shinjuku. Etrangement désert, votre personnage va alors l’explorer de fond en comble et se rendra au sous sol avant de découvrir qu’il n’est pas là par hasard et apprend donc qu’il est aux premières loges pour la fin du monde. Appelée « Conception », cette fin du monde fait se replier la ville de Tokyo sur elle même afin de s’écarter du reste du monde et piéger les morts ainsi que les vivants dans une immense sphère régi par une sorte de lune appelée Kagusutchi. Avant d’être lâché dans ce nouveau « monde », le héros recevra alors un pouvoir faisant de lui un être mi démon/mi humain. Si au départ, vous ne connaissez pas vraiment votre objectif, vous comprendrez bien assez vite que vous devrez prendre la lourde décision d’aiguiller la raison d’être de Kagusutchi selon des préceptes comme la force, la raison, la faiblesse, l’intelligence et d’autres « valeurs ». Pour vous donner un ordre d’idée, si vous considérez que le monde est régi par la violence et que seuls les forts (qu’ils soient physiques ou de caractères) doivent diriger le monde et asservir les faibles, vous pourrez rejoindre un clan partageant ce genre de valeurs.

Le scénario de ce SMT III, du moins pour l’époque de sa sortie, est réellement brillant et ne prend aucune pincette que ce soit et va relativement assez loin dans ses propos. Celui ci, tout au long de votre périple vous interrogera alors sur un éventail de sujets. Sur vous pour commencer, si vous souhaitez vous considérer comme un démon ou un humain à part entière ou alors comme étant un mi démon et vous demandera alors (ou non) de prendre fait et cause pour l’un des clans existant dans ce nouveau monde. En résulte alors une envie de s’investir dans SMT III et c’est ce qui est arrivé sur moi. Toujours eu cette envie de poursuivre coûte que coûte parce que j’avais le sentiment constant de peser dans une balance dont je ne comprenais pas totalement les tenants et les aboutissants. Néanmoins, la narration est pour ainsi dire inexistante, ce qui vous force, en quelques sortes, à rester concentré(e) en permanence sur votre objectif : avancer dans l’histoire afin de comprendre de quoi il en retourne. Je regrette sincèrement qu’il n’y ait pas de journal de quêtes, histoire de savoir précisément où je dois aller. En effet, si vous n’êtes pas attentifs ou attentives au nombreux dialogues, vous serez complètement perdu(e)s dans votre aventure. Enfin, le scénario est pour le coup maitrisé et me marquera pendant un bon bout de temps. Si, pour finir SMT III dans son intégralité, il faudra accomplir les 6 fins afin de découvrir l’œuvre dans sa globalité, je me satisfait entièrement de la fin que j’ai obtenu à ma première fois puisque en phase totale avec ce que je souhaitais faire durant mon aventure.

Du côté du gameplay, SMT III est un J-RPG au tour par tour avec toutefois des options lui permettant d’être unique, peu importe l’époque à laquelle on y joue. En effet, si avant SMT III vous avez jouer à un Persona (série spin off de Shin Megami Tensei pour après prendre sa propre route), le gameplay de ce SMT III ne vous dépaysera pas et vous reconnaitrez bon nombre de démons que vous avez déjà croisés ici et là. Pour les autres, sachez qu’ici, vous allez devoir vous construire votre propre équipe en « recrutant » des démons afin qu’ils vous rejoignent. La petite spécificité à savoir c’est que ces derniers ne se laissent pas faire et vous demanderont des contreparties (elles peuvent être pécuniaires, matérielles, énergétiques ou répondre à une question existentielle). Cependant, demander à un démon de vous rejoindre est totalement aléatoire et c’est au petit bonheur la chance même si vous lui offrez ce qu’il exige de vous, tenez le vous pour dit. Il arrive aussi que les démons vous demande la permission de vous rejoindre et viendront donc, avec votre accord, grossir les rangs de vos troupes.

De plus, grâce à la cathédrale des ombres, vous pourrez vous livrer à des fusions de deux démons (ou trois selon des paramètres bien précis) afin d’en créer un tout nouveau ayant hérité de certaines attaques issues de cette fusion. Une fois en combat, le gameplay qui se veut être assez tactique repose sur un équilibre de gain ou de perte de tour basé sur les coups critiques ou les faiblesses appelé « Press Turn ». Si vous réussissez à infliger un coup critique ou alors un coup basé sur la faiblesse de votre ennemi, vous remporterez alors un tour supplémentaire. Inversement, si votre ennemi fait la même chose, il en gagnera. Attention à ne pas perdre de tour bêtement puisque si vous pouvez en gagner, vous pouvez en perdre si votre attaque échoue ou si celle-ci est absorbée par l’ennemi. En résulte alors un gameplay addictif même si la mort de votre personnage, qui sonne alors le Game Over pur et simple, peut arriver de nulle part, même d’un ennemi plus faible que vous qui aurait la bonne idée de vous mettre entre les dents une attaque dévastatrice, vous faisant perdre votre avancée depuis votre dernière sauvegarde. Croyez moi, ça m’est arrivé un sacré paquet de fois…

Toujours sur le gameplay, j’ai découvert ce SMT III à l’époque sur PS2 et pour tout vous avouer, il était tellement difficile que je m’étais arrêté après seulement quelques heures dessus. Nous sommes en 2021 et j’ai commencé ma partie dans la difficulté normale durant mes premières 45 premières heures. En effet, la difficulté « Permissive » étant en dlc à télécharger, il a fallu attendre le jour de sa sortie pour l’acquérir. En attendant, j’ai avancé tranquillement et il faut le dire : SMT III exige énormément de son joueur ou de sa joueuse. Comprenez par là qu’il faudra farmer vos niveaux. Néanmoins, le jeu ayant tout de même 16 ans dans les pattes, le farm est à l’ancienne et il vous faudra trouver un lieu ou l’expérience acquise est le plus élevé. Fort heureusement et malgré une boucle de gameplay qui s’installe et qui devient redondante passée un certain nombre de dizaine d’heures (bah oui, le fait de farm pour être à niveau, aller voir le boss, le battre, poursuivre un peu, farm pour être à niveau pour le prochain boss et ainsi de suite installe de suite une forme de monotonie à l’ancienne), SMT III est bien plus facile, donc addictif, que je ne l’aurais cru.

J’en reviens au mode permissif. Ce dernier peut être activé à la volée, quant on le souhaite et il porte vraiment bien son nom. En effet, il vous rapporte largement plus d’expérience, largement plus d’argent, vous permet d’infliger plus de dégâts et d’en recevoir moins de la part des ennemis et diminue la fréquence des combats aléatoires. Après plus de 45 heures en mode normal, j’ai voulu voir la différence et j’ai fini par resté en permissif. Pourquoi ? Hé bien parce que je voulais aller plus vite afin de me focaliser sur l’histoire et de me concentrer sur ce que je juge le plus important dans ce SMT III : son scénario. Néanmoins, rassurez vous, vous pouvez très bien, sans problèmes, réaliser votre partie en difficulté normale et vous en sortir sans trop de soucis. Néanmoins, il faudra vous accrocher parce que passé un cap dans l’histoire, le jeu devient un peu hard dans ses boss qu’il vous proposera obligatoirement de faire. Je vous souhaite donc un bon courage !

Cela dit, si vous souhaitez vous en sortir, il faudra être constamment à niveaux et surtout user et abuser des sorts de buff et débuff. J’ai donc adopté la même stratégie que dans mes habitudes : je m’augmente mon attaque et ma défense et je baisse celle des boss ennemis tout en faisant attention aux points de vie de mon groupe. En cela, très tôt, j’ai adopté une stratégie pour mon groupe qui était de faire de mon personnage un attaquant (avec parfois l’utilisation d’objets), un second attaquant et enfin deux soutiens qui se relayent pour appliquer des sorts de soins ou pour appliquer des sorts d’augmentation pour mon groupe et de diminution pour le camp adverse. Cette stratégie simpliste m’a permis d’avancer sereinement et de parvenir jusqu’à la fin du jeu sans être pris au dépourvu de quelques situations que ce soit, du moins dans la trame principale du jeu, puisque celui-ci regorge de contenus secondaires où c’est tout de suite plus difficile. Je terminerais par vous dire que vous allez devoir vous investir dans votre partie, du début jusqu’à la fin et être concentré en toute circonstance parce que vous n’avez le droit ou presque à aucune marge d’erreur dans la boucle de gameplay prévu par le jeu. Il vous faudra faire attention à tout. Votre personnage, votre équipe de démons (changez en constamment), vos niveaux, vos sorts. Enfin, sauvegardez très régulièrement, cela vous évitera de vous arrachez les cheveux en cas de game over alors que avez enregistrer votre partie il y a plus d’une heure.

D’un point de vue graphisme, ce SMT III Nocturne HD Remaster fait le strict minimum. Et encore, je reste soft dans mes propos tant je trouve que le boulot abattu n’est absolument pas à la hauteur d’une telle œuvre et surtout en 2021. En effet, si dans les phases de gameplay, le jeu a été remanié grâce au moteur Unity, certaines cinématiques sont toujours en 4/3 étirées en 16/9. La maniabilité est identique à celle de l’époque et une fois sur la carte du monde, plutôt que d’avoir pris le temps de modéliser un pion ressemblant au personnage que nous incarnons, on a véritablement un pion de jeu de société qui s’affiche sous nos yeux. Je n’ai pas réfléchi quant à l’intérêt de ce Remaster ni à qui il s’adresse, je laisse donc ça à votre discrétion, mais en ce qui me concerne, ce portage n’est absolument pas respectueux de l’œuvre qu’il est censé « remasterisé ». Néanmoins, je comprend que cette version « modernisée » peut servir à Atlus pour financer SMT V qui va arriver dans quelques mois mais dans le même temps, je trouve que cette remasterisation fait encore moins que le strict minimum. Le pire, à mon sens, vient de la partie sonore. Non pas que les musiques composées par Shoji Meguro sont ratées, c’est même tout le contraire puisque je trouve qu’elles renforcent le côté onirique de SMT III (encore que la musique lors des combats quand nous sommes dans le monde me rappelle tout de même les téléfilms américains où il y a toujours une scène de bastons dans un bar à un moment ou un autre du téléfilm mais passons). C’est le fait que la bande son n’a pas été remasterisée. En effet, les musiques sont restées comme en 2005 sur PS2 sans subir un traitement audio, ce qui résulte qu’au bout de 2-3 heures de jeu, j’en ai tout simplement attrapé un mal de tête. Ce qui est d’un pratique quand on joue à un J-RPG, non ? Fort heureusement, j’ai décidé de jouer avec le son au minimum et le problème s’est amoindri puisque j’ai continué à ressentir ici et là un petit mal de tête. Enfin, je n’ai eu aucun souci d’ordres techniques au sens large du terme. C’est à dire pas de ralentissements ni de freezes, ni aucun problèmes.

Il est enfin temps de vous donner mon avis sur ce Shin Megami Tensei III HD Nocturne HD Remaster. Pour l’avoir abandonner à l’époque, parce que trop difficile pour moi, j’ai enfin réparé cette injustice en 2021, dans de très bonnes conditions (ou presque). Et en soit, il faut remercier Atlus (et Koch Média) parce que rien que ça, ça n’a pas de prix autre que commercial. Alors certes, l’expérience n’est pas parfaite (j’en prend pour exemple l’absence de modernisation de la bande son) mais si vous aimez les J-RPG au tour par tour et surtout l’univers si particulier entraperçu dans les Persona, je n’ai pour ainsi dire rien d’autre à vous dire que de foncer. Il n’empêche que (re)faire SMT III en 2021, c’est se rendre compte à quel point le JV à évoluer en 16 ans. Je ne vais pas parler de simplification mais nous n’en sommes pas si loin que ça, quand je voit à quel point, sans un journal de quêtes ou un marqueur pour me dire où je dois aller, je peut être totalement perdu. Fort heureusement, j’ai réussi à me dépatouiller de cette situation et aller au bout d’une aventure singulière, fort bien écrite, qui nous interroge en permanence sur des thèmes intéressants et qui méritent, du moins à mon sens, le débat.

Ce que j’ai aimé :

  • Une écriture, des thèmes et des réflexions en avance sur son temps en 2005
  • Un gameplay au tour par tour révolutionnaire en 2005… Et même encore maintenant !
  • Un gameplay (et ses possibilités comme la cathédrale des ombres, plus profond qu’on ne pourrait le penser
  • Le mode permissif, ça change la vie 😀
  • Le héros, même muet, il est charismatique à souhait
  • Une énorme durée de vie (plus de 60 heures pour voir une première fin)
  • Une traduction française aux petits oignons
  • La liberté dans certains propos, on n’en voit plus des masses des œuvres de ce genre

Ce que j’ai moins aimé :

  • Je n’aurais pas dit non pour un journal de quêtes, histoire de savoir à tout moment où je dois me rendre pour continuer la quête principale
  • La bande son, d’époque, qui m’a offert pas mal de maux de têtes durant mes sessions
  • Un remaster en dessous de ce que j’exige en terme de remasterisation
On tient le synopsis de Deus Ex The Fallen Humanity :p

Son appréciation

Peu importe par quel bout on prend ce Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster. Il nous propose de nous replonger dans une oeuvre culte en 2005 et de se rendre compte qu’elle l’est encore et toujours en 2021. Certes, on pourrait être déçus du résultat tant il n’est tout simplement pas à la hauteur mais à côté de ça, j’ai pu prendre ma revanche sur un titre qui m’avait tellement résisté à l’époque. J’ai enfin pu arriver au générique de fin, certes avec le mode permissif, mais j’ai tout de même pu (re)découvrir dans son intégralité un titre qui m’avais attiré alors que je n’étais encore qu’un enfant. Si les J-RPG vous attire, si vous aimez les Persona, je vous invite vraiment à offrir une chance à ce Shin Megami Tensei III puisqu’il mérite toute votre attention. Pour ma part, bien que l’expérience ne fut pas si parfaite que cela, j’ai passé un agréable moment et j’attend de pied ferme le prochain avec une confiance indéfectible en Atlus.

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