Débutée en 2016, la trilogie World Of Assassination se voit (enfin) offrir une conclusion par Io Interactive. Est-elle à la hauteur des espérances ? Réponse dans un test chauve et costumé.

Au départ prévu pour être épisodique, la série change son fusil d’épaule avec le second volet, proposant l’intégralité de ses missions principales le jour de sa sortie. C’est ainsi que la saga se conclut sur le même format et nous propose donc 6 destinations afin de réaliser de nouveaux contrats. Dans ce Hitman 3, nous sommes invités à Dubai, au Royaume Uni, en Allemagne, en Chine, en Argentine et enfin en Roumanie. Le principe depuis 2016, vous le connaissez. Des cartes immenses avec des possibilités presque infinies pour accomplir les contrats exigés. L’immensité des cartes est toujours aussi présentes ainsi qu’une ambiance propre à chacune. En soit, j’ai réellement aimé les ambiances des cartes au Royaume Uni ainsi qu’en Allemagne. D’ailleurs, il est à noter que celle en Chine (me) rappelle furieusement Ghost In The Shell… Etre lâché dans des cartes aussi immenses peut impressionner et rebuter n’importe qui mais paraît-il que cela fait parti du challenge, puisque des points d’expérience sont prévus quand on a exploré de fond en comble la destination du moment. Mais Io Interactive à voulu ratisser large dans sa proposition et permettre à tout un chacun de se plonger dans sa trilogie.

C’est ainsi que le studio propose des « opportunités », un moyen scénarisé d’arriver à nos cibles et de suivre un chemin tracé. Ces fameuses opportunités sont de retour et sont proposées par série de trois dans chaque destination ou presque (elles sont présentes dans 4 destinations sur 6). De ce fait, même si il m’en reste à faire, j’ai eu un coup de cœur pour l’opportunité du détective privé sur la carte au Royaume Uni. Pour les autres, c’est du très classique et de l’efficace, c’est tout ce qu’on leur demande. Même si… J’aurais bien aimé en avoir un peu plus que trois par destinations. D’ailleurs, et je fais mon maximum pour éviter tout spoil, mais une destination vous laisse vous débrouiller tout(e) seul(e), sans opportunités donc. Et c’est là que les premiers défauts, à mon sens, apparaissent.

Je l’ai déjà dit plusieurs fois mais je me répète, j’ai grandi avec la saga Splinter Cell, même si j’ai joué à l’époque à Hitman Blood Money et Hitman Absolution. Ce que je veux dire, c’est que j’ai une certaine habitude d’une infiltration à la Sam Fisher. Sans avoir besoin d’éliminer une personne pour lui prendre son costume et me faire passer pour celle ci, ou bien devoir ramasser certaines choses sur mon chemin pour m’en servir après afin d’accéder à un endroit jusqu’alors fermé. Et en soit, je trouve que la mécanique d’éliminer une personne pour lui emprunter ses vêtements fonctionne le trois quart du temps dans Hitman 3. Disons que vous souhaitez incarner une fonction bien précise. Vous repérez la personne, attendez qu’elle s’éloigne, vous l’attirez si vous voyez qu’elle n’est pas toute seule, et là vous vous en débarrassez et lui prenez ses vêtements et sa place par la même occasion. Comment se fait-il que les pnj qui lui parlait juste avant ne grillent absolument pas la supercherie alors que d’autres, dans la même fonction, ont un petit logo au dessus de la tête pour vous signaler que lui se doutera de quelque chose ? Je pourrais citer d’autres exemples qui font que je trouve l’infiltration de ce Hitman 3 est dépassée. Il vous force à ne devoir prendre qu’un seul modus operandi pour réussir votre coup de la première fois.

Par exemple, il vous force à connaître les lieux par cœur, l’emplacement d’objets « stratégiques » par cœur et si jamais vous souhaitez contourner cet état de fait là, le jeu vous force alors à devoir sauvegarder au préalable pour tenter une approche et en cas d’échec, vous forcera donc à recommencer. Ce n’est pas ma définition de l’infiltration où des œuvres comme Dishonored et Deus Ex Human Revolution/Mankind Divided sont déjà passés avant lui en proposant eux assez d’intelligence pour permettre à son joueur et sa joueuse de tenter des choses audacieuses sans être sanctionnés par derrière. Tout ceci contribue à toucher à ma suspension de l’incrédulité le temps de m’y plonger. Plusieurs fois j’ai pesté devant mon écran parce que je devais recharger une sauvegarde antérieure alors que je voulais réellement la « jouer » comme l’Agent 47 mais que le jeu me disait très clairement « non, ce n’est pas possible de cette façon ». Pourtant, j’ai essayé plusieurs fois de la jouer « role play »… Si vous ne savez pas ce qu’est la suspension de l’incrédulité, c’est le fait d’accepter de mettre de côté son scepticisme quand on se plonge dans une œuvre. De façon inconsciente, on le fait toute et tous, peu importe qu’on regarde un film ou une série, lit un livre ou joue à un Jeu Vidéo.

Outre toute les mécaniques de gameplay issues des deux précédents opus qui font ici leur retour, Hitman 3 introduit l’appareil photo vous permettant de scanner certains mécanismes vous aidant alors à vous infiltrer dans un lieu. Cette fonctionnalité n’est pas utilisée à fond et tient donc de l’anecdote, même si ce fameux appareil est un très bon mode photo. Vous le verrez sur les screens, c’est grâce à lui que j’ai pris mes photos sans affichage tête haute. Ce qui est un très bon point puisque Hitman 3 sur PS5, version ici testée, est absolument magnifique. Le moteur Glacier, déjà à l’œuvre sur les deux précédents opus, est ici au sommet de son art. Des environnements intérieurs et extérieurs magnifiques, une gestion de personnage non joueur assez important (avec parfois, comme sur la carte de Dubai, plus de 300 pnj en même temps). Graphiquement, Hitman 3 sur PS5 est, je trouve, superbe. Il faut quand même évoquer le rendu des cinématiques, qui n’ont pas le même traitement que les phases de gameplay mais qui ont, je trouve, un certain charme, grâce à un effet de pellicule que j’apprécie. Mais cela reste purement une histoire de goût parfaitement personnel bien entendu.

Techniquement, j’ai eu droit à plusieurs freezes que je compte plus tant ils ont été assez nombreux. Rien de bien grave, on relance l’application et on y retourne comme si de rien n’était, quand on a connu des Skyrim ou des Fallout, je pense qu’on est habitué avec ça. Ensuite, j’ai constaté un comportement assez « étrange » des pnj qui ont du mal, parfois, à se déplacer, en faisant la toupie sur eux même. Pas de quoi lancer un procès et une demande de remboursement au studio, ça reste assez amusant sur le moment. Néanmoins, mis à part ces petits soucis, tout s’est très bien passé dans mes sessions sur le jeu. Un mot sur le gameplay puisque les gâchettes adaptatives de la DualSense sont prises en compte quand on utilise une arme à feu et on sent une vraie résistance de leur part au moment de viser et d’appuyer sur la gâchette. Les vibrations de la manettes se font ressentir quand par exemple la pluie tombe sur notre Monsieur Propre code barré. A noter qu’entre la première saison et ce Hitman 3, je n’ai pas fait Hitman 2 et je trouve que les déplacements et la prise en main de l’Agent 47 sont moins rigides, un poil plus souple et ça m’a permis de prendre plus de plaisir à jouer à ce Hitman 3 que lors de la première saison.

Au niveau de la durée de vie, j’ai « fini » ce Hitman 3 en 12 heures, du moins, j’ai accompli les 6 cartes, en recommençant une fois celle de Dubaï afin d’accomplir ses trois opportunités et me concentrant uniquement donc, sur la partie scénaristique de cet ultime volet. Mais après l’avoir fini une première fois, commencer l’écriture du test que vous êtes entrain de lire, je suis retourné sur le jeu afin de me promener dans la carte que j’aime particulièrement afin de tester de nouvelles possibilités et je dois bien vous dire que j’ai pris beaucoup plus de plaisir en y jouant de la sorte que lors de mes sessions de test dessus. Sans me prendre la tête et me disant que j’étais là pour le fun, je me suis rendu compte que je réussissais certains « défis » que le jeu vous propose par destination. Au final, en ignorant complètement le scénario et en y allant juste pour le plaisir, j’y ai rajouté facilement 7-8 heures de plus, sur 3 destinations. Je considère donc qu’en ignorant complètement la partie scénaristique et acceptant le fait de simplement tester différentes possibilités, Hitman 3 se révèle être beaucoup plus fun qu’au premier abord. Vous allez me dire « d’ailleurs tu n’en parle pas du scénario ? » et en effet je n’en parle pas puisqu’il y a effectivement un scénario dans ce Hitman 3, commencé depuis la saison 1 et tout en évitant le spoil inutile, je le trouve… Anecdotique en fait. Même si je trouve que la fin porte l’intégralité de l’histoire qui nous est ici racontée. Maintenant que c’est dit, j’en reviens au débat de la durée de vie de ce Hitman 3 qui veut vraiment nous retenir le plus possible, soit au travers de ses 6 destinations, que dans le mode « édition de contrat » ou le « mode sniper » même si pour ce dernier mode de jeu, il vous faudra Hitman 2 pour y avoir accès.

De mon point de vue, je laisse cette question particulière à la discrétion des joueurs et des joueuses. Je trouve que mes plus de 20 heures dessus et je serais parfaitement franc avec vous, est suffisante à mon sens. Vous allez très certainement me dire qu’il faut que je pousse plus mon temps de jeu mais je considère que la durée de vie d’un jeu et plus particulièrement ce Hitman 3 reste à notre discrétion. De ce fait, en l’ayant acheter comme vous, je trouve que sa durée de vie me paraît correcte. Mais il y a quelque chose que je me dois d’évoquer, c’est le fait que le studio propose aux joueurs de ce Hitman 3 de repasser à la caisse pour les deux premières saisons afin de les « débloquer » sur Hitman 3 et pouvoir y (re)jouer si ce n’était pas déjà fait. Sachant qu’il y a à chaque fois six destinations, on à l’impression, pour le prix d’un jeu seul, d’avoir seulement le tiers du contenu. Alors oui, on va me dire que si on à déjà en sa possession les deux précédents opus qu’il est possible de les lier et ainsi les récupérer gratuitement mais quand vous allez dans le menu des missions, elles apparaissent toutes. Quand bien même vous n’avez jamais joué aux 2 jeux précédents ! Certes, rendre disponible gratuitement les deux premiers épisodes serait injuste envers celles et ceux les ayant achetés mais les avoir inclus dans la galette, attendant de nous de les débloquer, fait que psychologiquement, on ressent cette impression que Hitman 3 ne soit pas un JV à part entière mais une des trois pièces d’un même JV. Je trouve ce procédé un peu osé, sachant qu’au moins Hitman 2 et ce Hitman 3 sont sortis à leur day one à un prix maximum conseillé d’un seul JV. Mais si Io Interactive et les fans d’Hitman en sortent toutes et tous gagnants, c’est une bonne chose.

Je finis sur une note positive (c’est le cas de le dire plus bas ahem) mais au vu de ce que j’ai joué dans ce Hitman 3, je suis pleinement confiant dans les capacités du studio pour son prochain projet, adapter un certain 007 à leur sauce. A la condition que le jeu s’approche plus d’un Hitman Absolution que de la trilogie qui vient de se refermer, bien évidemment.

Ce que j’ai aimé :
- Les destinations au Royaume Uni, en Allemagne et en Chine
- La bande son dans la destination Allemagne
- Au final, une assez bonne durée de vie selon (environ 20 heures chez moi)
- L’opportunité du détective dans la destination Royaume Uni
- Le mode photo via l’appareil photo
- Graphiquement superbe, le moteur Glacier poussé à son paroxysme !
- La fin qui porte à elle seule le scénario selon moi

Ce que j’ai moins aimé :
- La fonctionnalité de l’appareil photo trop timide à mon sens
- Un scénario encore beaucoup trop en retrait
- Ca manque parfois de réalisme quand j’observe le comportement de l’IA, notamment sur le sujet des costumes
- Seulement trois opportunités par destinations quand elles sont présentes, c’est pas assez
- La présence des deux premiers épisodes dans la galette, n’attendant plus que vous pour les débloquer, c’est particulier
- Une infiltration beaucoup trop datée et qui ne considère pas son joueur et sa joueuse comme l’ont fait des œuvres comme Deus Ex ou Dishonored avant lui
Son appréciation
Profitant du vide laissé par les déboires de Cd Projekt Red et son Cyberpunk 2077, j’ai filé sa chance au dernier épisode de la trilogie Hitman initiée en 2016. Je ne regrette en rien son achat tant j’ai finalement pris énormément de plaisir manette en main. Une belle conclusion, maitrisée, efficace et respectueuse de la licence. Je suis maintenant très curieux de ce que fera le studio Io Interactive avec le personnage de James Bond 007. Une œuvre comme Hitman Absolution ou bien un format économique identique à cette trilogie « World Of Assassination » ?