Forte de deux opus sortis en 2014 et 2016, la saga Watch Dogs nous revient 4 ans après un second opus radicalement différent du premier avec la prétention de partir dans une toute autre direction cette fois ici. Exit les Etats Unis et bonjour Londres, on délaisse une narration située dans un temps proche pour partir 10 ans dans le futur, découvrir un scénario hypothétique, uchronique et futuriste quant aux conséquences du fameux Brexit. Le Brexit, ce bordel de droite ? Le bordel, oui. Mais certainement pas de ce bord là.
Test qui se base autant sur la version PS4 sur PS4 Pro que sur PS5. Les screenshots sont basés sur la version PS4. Test garanti sans aucun spoils.

Après Chicago et le très charismatique Aiden Pearce de 2014 et la San Francisco de Marcus Holloway (avec toute sa petite bande) en 2016, on s’envole pour un Londres de 2030. Exit les Etats Unis et bonjour l’Angleterre, Ubisoft Toronto souhaite donc nous parler d’un scénario d’anticipation où les conséquences du Brexit (je rappelle ce qu’est le Brexit, c’est la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne en février 2020) seraient désastreuses pour le pays. Lequel à donc sombré dans l’anarchie, sa monnaie, le livre sterling, s’est écroulée et ne vaut plus rien, la violence embrase le pays, la classe politique s’est barrée on ne sait pas trop où, bref l’anarchie a mit le pays en position latérale de sécurité. C’est alors qu’une société militaire privée entre en jeu : Albion. Dirigée par Nigel Cass, cette SMP reprend plus ou moins le contrôle du pays et supplante la Police. Un gros coup de ménage dans les gangs et les criminels plus tard, Albion prend ses aises dans le pays mais aussi dans Londres et s’y installe pour de bon. Quelque temps passe et un nouveau gang fait parler de lui : le clan Kelley. C’est de trop pour un certain groupuscule de hackers bien décidé a faire entendre sa voix : Dedsec. Mené par une certaine Sabine, Dedsec résistera du mieux qu’il pourra mais c’est au cours d’une mission capitale que son destin sera scellé.

C’est ainsi que débute ce Watch Dogs Legion. Jeté dans une mission où le Parlement est menacé de destruction par une bombe que DedSec, Sabine et le personnage que vous incarnez, un certain Dalton Wolf, va vouloir désamorcer, c’est alors que tout ce petit groupe va connaître un destin dramatique puisque non seulement le Parlement n’était qu’un leurre mais qu’une nouvelle donnée entre en équation dans un beau panier de crabe : le collectif Zero Day. Ce dernier réussit non seulement à se débarrasser de DedSec (avec la mort de Dalton Wolf au passage) mais fait du groupuscule des terroristes en puissance. Dans n’importe quelle autre œuvre, le début de Watch Dogs Legion aurait pu être sans problème la fin de son histoire mais c’est bien dans un contexte dramatique que ce troisième opus débute… Des mois ont passés depuis que les hackers de DedSec sont devenus des terroristes aux yeux de l’opinion publique. En fuite, l’ancienne chef du collectif tente un dernier coup de poker. Puisque plus personne ne peut sauver Londres, Sabine décide de jouer un dernier va-tout : relancer Bagley, l’IA de compagnie du groupe à l’aide d’un civil ayant une affinité pour DedSec. C’est ainsi qu’un premier « agent » est activé au milieu de la population qui réactivera dans la foulée l’ancien QG du groupe et relancera le collectif sur les rails.

Tout ce que je viens de vous dire fait partie des 4-5 premières heures de jeu. Oui c’est dense et oui tout est complexe mais Watch Dogs Legion brasse énormément de sujets qui doivent être évoqués pour bien comprendre les tenants et les aboutissants d’une intrigue plus compliquée qu’en apparence. Parce que l’une des forces de ce Watch Dogs Legion, c’est la densité dont il fait preuve pour nous offrir un background écrit aux petits oignons, tout en réussissant à être bien clair dans ses propos. Watch Dogs à toujours évoqué ça depuis 2014 : cette façon de nous parler de sujets très importants (l’omniprésence des sociétés de big data dans nos vies quotidiennes et comment elles régissent de plus en plus nos vies) et de réussir à en parler sans perdre son joueur ou sa joueuse. Jusqu’ici, les thèmes abordés dans Watch Dogs et la façon qu’avait Ubisoft de nous en parler restait neutre, sans prendre aucun parti que ce soit. Avec Watch Dogs Legion, c’est fini et on bascule littéralement dans la propagande pure et simple.

Qu’on se comprennent bien avant de vous expliquer en quoi Watch Dogs Legion me pose un réel problème. Toute oeuvre qu’elle soit cinématographique, télévisuelle, écrite et vidéoludique est politique. Ce que nous consommons en permanence comporte toujours son lot de messages politiques en tout genre. Mais un fossé est de plus en plus en train de se créer ces dernières années. Que ce soit dans Death Stranding, Untitled Goose Game ou Life Is Strange 2, rien qu’en 2019, trois œuvres vidéoludiques faisant la part belle d’une certaine propagande sont sortis en ayant un but affiché, celui de faire la promotion de certaines idées bien précises. Jusqu’ici, tout va bien dans le meilleur des mondes, la liberté d’expression est utilisée à bon escient et tous ces gens, heureux de pouvoir faire la leçon aux autres, pouvaient donc s’exprimer sans contraintes. Mais j’en viens enfin au vrai problème : où est le débat ? Qu’on souhaite exprimer ses opinions en tant que développeurs et développeuses dans son jeu et qu’on puisse derrière le commercialiser est une chose saine. Mais quand on n’y met que sa seule opinion sans appeler au débat et ainsi y apporter aussi un avis contraire a ses idéaux est une autre. Et c’est là où j’en vient : cela s’appelle tout simplement de la propagande. Et de la propagande, Watch Dogs Legion en est bourré à ras bord.

Rien de bien méchant, le JV qui se vend de plus en plus au passage est un formidable moyen pour les développeurs et les éditeurs de faire passer leur message sur l’état de notre monde et les propos évoqués dans Watch Dogs Legion en est un formidable exemple. Immigration, propos sur les violences faits aux citoyens par les forces censés garantir notre sécurité, l’omniprésence des entreprises de données dans notre vie quotidienne et l’influence qu’elles ont sur nos vies sans qu’on s’en rende réellement compte, le fait de tourner en ridicule les politiques et le Brexit, en niant au passage que les vrais citoyens ont votés selon leur bon vouloir. Bref, dans Watch Dogs Legion, les propos de l’Union Européenne qui promettait le feu et l’enfer à quiconque sortirait de l’UE sont repris et transformés en une sorte de bouillie de propagande bas du front. Puisque l’on nous parle d’une utopie, d’un scénario censé arriver dans le futur. Sauf qu’un scénario dit d’anticipation à toujours d’une certaine manière le don de voir ou entrapercevoir un futur basé sur des éléments concrets dans notre présent et ainsi tisser sur des racines solides et non pas imaginer entre « gens qui savent mieux que nous ». D’ailleurs, Ubisoft était tellement occupé à remplir son AAA de fin d’année de mots tous gentils qu’il en a oublié le plus important : son Jeu Vidéo.

Watch Dogs Legion se cherche constamment. Entre le désir de nous abrutir de ses idées arriérées ou nous faire jouer à une œuvre d’anticipation dans une Londres magnifiquement reproduite, ce troisième opus sans chiffre à la fin mais avec un sous titre, histoire d’éviter les « et si j’ai pas fait les deux d’avant, je vais comprendre ou pas ? » à le derrière entre deux chaises. Exit le personnage principal charismatique auquel on s’identifie ou non, il paraît que de toute façon Aiden Pearce n’avait aucune personnalité, ici on incarne à tour de rôle 1 de nos 20 agents avec des spécialités diverses et variées pour accomplir des missions principales et secondaires. Après 30 heures de jeu sur PS4, j’ai basculé mon jeu dans sa version PS5 et premier constat, mis à part récupérer deux trophées et ma sauvegarde dans le cloud d’Ubisoft, je suis obligé de m’arrêter. En effet, durant la mission « Dans le Néant », un vilain bug m’empêche de poursuivre et de finir ce Watch Dogs Legion. Et je n’ai ni l’envie de pousser, ni le temps. C’est donc sans grand regrets que j’ai décidé de m’arrêter là et de vous sortir son Test. Le seul problème, c’est qu’à ce stade de ma progression, je n’ai aucun point positif à retenir.

Entre un Londres bien reproduit, transformé pour appuyer les propos d’anticipation, l’identité très « cyberpunk » qui s’en dégage, les véhicules autonomes qui se manient plutôt bien, j’ai néanmoins la malheureuse nouvelle de dire que le reste gâche ce sens du détail si particulier que l’on reconnaît d’une production Ubisoft. Que ce soit le gameplay, mention spéciale aux gâchettes de la DualSense qui résiste quand on utilise les armes, qui ne procurent aucune sensation et qui est un copié collé des anciens opus, des graphismes qui sont tout juste corrects et même identique d’une PS4 Pro vers une PS5 ainsi que le doublage français catastrophique qui nous transforme un sud coréen en une petite racaille des banlieues du 93, Watch Dogs Legion est littéralement une catastrophe dans presque tous ses domaines. Quand je me plonge dans un JV, j’aime être immergé et ainsi fouiller ici et là ce que le dit JV à dans le ventre. Ici, c’est simple, rien ne se dégage mis à part la propagande qu’on voit et entend littéralement partout. Je n’ai donc pour ainsi dire rien ressenti manette en main, au bout de quand même 35 heures de jeu. Ce qui est intéressant d’ailleurs, c’est de voir que dans n’importe quelle œuvre ayant une part importante d’une propagande en particulier, seule la médiocrité en ressort et une fois encore, Watch Dogs Legion en est l’exemple idéal. Bien trop occupé à nous (ré)éduquer, le studio en a oublié le principal, c’est à dire de nous divertir, puisqu’un JV est censé ne faire que ça : divertir. Et je ne l’ai pas du tout été durant le temps que je lui ai consacré. En soit oui, quand je joue à un Jeu Vidéo, je ne suis pas vraiment fan de voir qu’un studio à un message politique à me faire passer puisque pour être tout à fait franc, je me moque littéralement de l’opinion des gens sur ce sujet bien précis. La liberté d’expression, c’est une bonne chose mais n’en abusons pas non plus, surtout pour ne faire passer qu’un seul et unique message. En attendant, je ne regrette pas mon investissement, puisque j’ai acheté ce Watch Dogs Legion de mon propre argent. Juste que l’on ne m’y reprendra pas de sitôt. Et dans un monde capitaliste comme le nôtre, l’argent est plus important que notre opinion sur tel ou tel sujet dit politique.

Ce que j’ai aimé :
- Une Londres magnifiquement bien reproduite, réadaptée à la sauce futuriste et d’anticipation
- Le fait de récupérer sa sauvegarde sur le cloud de Ubisoft

Ce que j’ai moins aimé :
- Une propagande omniprésente
- Un gameplay copié collé des productions Ubisoft habituelles
- Des personnages sans aucun charisme
- Un scénario inexistant
- Une Version française ridicule, bas du front et catastrophique
- Aucune différence graphiquement d’une Version PS4 à une version PS5
- Un jeu bugué m’empêchant de le finir
- Mis à part deux trophées, ces derniers n’ont pas suivi la transition PS4-PS5…

Son appréciation
A trop vouloir répandre la bonne parole des gens qui savent mieux que les autres, Ubisoft a oublié de développer son troisième Watch Dogs sous titré Legion. Une Légion de défauts, pour un titre oubliable, archaïque qui mérite d’être oublié aussi vite qu’il est sorti. De vous à moi Ubisoft, éditeur développeur que j’aime beaucoup, si vous continuez comme cela, je ne suis pas bien sûr de vouloir acheter une de vos prochaines œuvres si de façon systématique j’ai plus affaire à une œuvre de propagande qu’un JV potable (oui parce qu’un bon JV est de plus en plus trop vous en demander). En clair, évitez ce Watch Dogs Legion, il vient très certainement d’enterrer purement et simplement une licence qui avait tellement de choses pour elle que ça en était trop beau pour durer.

Sa note

*Test et screenshots basé sur une version PS4 physique achetée par mes soins, sur PS4 Pro et PS5.